
Les gestionnaires des risques partagent des expériences et des savoirs liés au territoire où ils évoluent. Cette construction de souvenirs permet une appropriation et une maîtrise du territoire. Cependant, lorsqu’il s’agit d’anticiper un risque, comment ces souvenirs stables et partagés interviennent-ils ? Peuvent-ils influencer une gestion adaptée ? Des entretiens semi-directifs ont été réalisés avec les gestionnaires du risque d’inondation dans deux communes exposées : Port-Saint-Louis-du- Rhône et Grau-du-Roi. Il existe dans ces deux territoires un attachement et une dépendance forte à l’identité littorale qui entraîne une continuité entre les souvenirs, les enjeux du présent et les projections futures. Les gestionnaires de Port-Saint-Louis montrent une identité traditionnelle de littoral. Ils ne considèrent pas la pluralité des inondations vécues et minimisent les risques futurs pour garder la cohérence de leur mode de vie actuel. Les gestionnaires du Grau-du-Roi ont une mémoire des risques cohérente avec les enjeux économiques actuels de leur commune et infirment les risques qui pourraient l’impacter. Dans les deux cas, on observe la construction d’une mémoire consistante selon les enjeux présents du territoire qui influence la perception et de fait la gestion des inondations futures. Le besoin cognitif de consistance identitaire dans le temps vient impacter et expliquer la gestion des risques.