Les services écosystémiques rendus par les sols : analyse des régimes incitatifs sous-jacents – Rapport final

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27 May 2014

Le sol rend de nombreux services aux communautés humaines, dont la valeur est considérable. Néanmoins, les activités humaines perturbent et affectent souvent négativement ces services en provoquant des détériorations sur les plans quantitatif et qualitatif. Le projet ECOSOL démarre du constat que le comportement humain est souvent à l’origine des perturbations affectant les sols et qu’en conséquence, il est nécessaire de mieux comprendre les déterminants de ce dernier afin de pouvoir l’influencer. Le projet vise une meilleure compréhension de ces déterminants afin d’envisager des modalités concrètes susceptibles de maintenir, voire de renforcer la fourniture de ces services, et ce tout en se situant dans un contexte de fortes contraintes budgétaires. De manière très concrète, nous mobilisons l’économie néo-institutionnelle pour comprendre les facteurs permettant l’émergence de solutions contractuelles entre les agriculteurs et les municipalités pour la fourniture du service d’épuration et de traitement des eaux. Grâce à l’étude détaillée de deux cas (Munich et New York), nous tirons plusieurs leçons pratiques susceptibles de faciliter l’émergence de ces accords décentralisés comme la structure de marché monopsonique, la présence de structures institutionnelles crédibles et la capacité à transformer les bénéficiaires de ces services rendus par les sols en supporters et payeurs. De plus, une partie importante du projet est consacrée aux apports de l’économie comportementale afin d’expliquer le décalage entre les promesses des instruments des politiques visant une gestion plus durable des sols et les résultats réels. Cette analyse repose sur un modèle du comportement humain alternatif qui utilise des raccourcis mentaux et des processus heuristiques dans la prise de décision, en contraste avec le modèle purement rationnel de maximisation d’une fonction objective sous contraintes. Ce modèle de comportement permet de générer des préconisations originales en termes de politiques. Plusieurs biais sont ainsi étudiés en rapport avec les politiques liées aux sols. Nous explorons le rôle des considérations de statut et de position qui interfèrent avec le seul calcul économique et qui peuvent pousser les agents à refuser certaines innovations pourtant profitables et environnementalement préférables à cause de leur impact négatif sur leur statut dans un certain groupe de référence. Nous montrons également que le recours systématique à des (des)incitations monétaires pour encourager (ou décourager) des comportements préférables peut générer un effet d’éviction des motivations préexistantes. Pour éviter ce risque, nous proposons un mécanisme original permettant d’utiliser au mieux les motivations hétérogènes au sein d’une population donnée. Nous montrons également que la qualification et l’origine perçue des éventuelles incitations financières ne sont pas neutres et peuvent significativement affecter leur capacité à générer le comportement recherché. Nous mettons également en évidence que le soutien à une politique donnée en faveur des sols au-delà des bénéfices escomptés peut être lié à l’origine attribuée aux perturbations et aux points de référence. Ainsi, nous démontrons que des éléments de contexte considérés a priori comme mineurs peuvent influencer de manière significative les performances des politiques environnementales et constituer des leviers d’action prometteurs.