Les viticultrices et la première guerre mondiale : parenthèse ou émancipation ?

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14 January 2014

Faire la guerre, faire la paix II. La paix et la guerre comme processus Sous-thème : II.E. Les bouleversements de la société ou la guerre dans la paix Chapitre : 1. Reconstruire une société bouleversée Le 04/05/2011 – 09:00 Nous proposons d’analyser, au travers du cas de la viticulture méridionale, dans quelle mesure les bouleversements induits par la Première Guerre mondiale ont modifié les rapports sociaux de genre. La viticulture méridionale constitue en la matière un terrain de recherche très peu étudié bien que prometteur en raison de la forte proportion de main-d’œuvre salariée et de l’implication des femmes. La première partie sera consacrée à l’étude des modifications résultant de la mobilisation générale dans le partage entre hommes et femmes des principales tâches viticoles (taille, greffage, travail du sol, traitements anticryptogamiques, taille en vert, vendanges…). Nous examinerons dans quelle mesure l’absence de formation professionnelle des jeunes filles et des femmes a pesé sur les performances de la viticulture durant ces années de guerre. Dans une seconde partie, nous présenterons les débats auxquels donna lieu l’octroi d’une allocation journalière aux épouses dont le mari est mobilisé et nous examinerons le mouvement respectif des salaires et des prix pour apprécier l’évolution du pouvoir d’achat familial. Dans une dernière partie, nous examinerons les conditions de retour à l’ordre ancien au sortir du conflit. L’implication féminine apparaît profondément différente selon le statut économique. Les viticultrices devenues chefs d’exploitation du fait de la guerre doivent affronter des responsabilités nouvelles : management, vinification, commercialisation… En revanche, avec la mécanisation des cultures, les salariées viticoles seront de plus en plus incitées à se retirer du milieu professionnel pour se consacrer aux tâches relevant de la sphère domestique. Cette proposition s’inscrit dans un programme de recherche en économie historique centré sur les rapports économiques de genre en agriculture, programme que nous animons depuis trois ans. Sa problématique s’inscrit dans la lignée des travaux de R.-M. Lagrave (1983, 1987), L. Frader (1991, 1998), M. Perrot (1984, 1987, 1985, 1990), A. Barthez (1982, 2005) et A. Rieu (2006, 2008, 2009). Cette recherche s’appuie sur un dépouillement exhaustif de deux revues professionnelles, le Progrès agricole et viticole et la Revue de viticulture, sur l’exploitation de plusieurs fonds d’archives privées et de documents administratifs (séries J et M des Archives départementales de l’Aude, du Gard, de l’Hérault, des Pyrénées-Orientales et de la Gironde)