Mécanismes d’allocation de l’eau d’irrigation et gestion du risque sécheresse en agriculture

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14 January 2014

Alors que l’agriculture va devoir s’adapter à des sécheresses de plus en plus fréquentes et sévères avec le changement climatique, les dispositifs d’allocation de l’eau d’irrigation existants (prix, marché, dispositifs de rationnement…) négligent souvent la forte variabilité de la disponibilité de la ressource. Afin de réduire le coût pour les agriculteurs et la société du risque sécheresse, il convient d’intégrer des mécanismes de gestion du risque dans les dispositifs d’allocation de l’eau. Cette réflexion a été menée dans deux contextes très différents : la France, où le rationnement de l’eau est administré par les représentants de l’État en cas de sécheresse ; l’Australie où des systèmes de marchés de l’eau ont été mis en place pour permettre les échanges d’eau entre agriculteurs. La thèse est composée de 3 articles (chapitres 2,3 et 5 en anglais), d’éléments de cadrage sur la gestion de l’eau agricole en France (chapitre 1 en français) et sur le fonctionnement des marchés de l’eau et le système de gestion des sécheresses en Australie en Australie (chapitre 4 en français). Les chapitres 2 et 3 étudient les interactions entre les règles utilisées pour le rationnement de l’eau d’irrigation en cas de sécheresse en France et les stratégies d’auto-assurance des agriculteurs. Nous étudions notamment le cas du stockage d’eau au niveau de l’exploitation. Le chapitre 2 modélise une situation où des agents ont la possibilité de substituer l’usage d’une ressource coûteuse mais sécurisée à l’usage de la ressource commune risquée. Nous déterminons la règle de partage optimale sous deux hypothèses distinctes : i) le planificateur définit simultanément la règle de partage et les choix de diversifications de façon à maximiser le bien être social ; ii) le décideur utilise la règle de partage comme un instrument incitant les usagers à faire des choix de diversification optimaux d’un point de vue social. Le chapitre 3 décrit une expérience de laboratoire visant à comparer différentes règles de partage d’une ressource commune de taille incertaine quand les sujets peuvent choisir entre l’utilisation de cette ressource commune ou l’investissement dans une ressource sécurisée. Les règles sont évaluées sur leur aptitude à faciliter la coordination des agents autour du niveau optimal d’investissement dans la ressource sécurisée. La discussion des résultats de ces deux articles permet de proposer des recommandations aux administrations en charge de la mise en place des règles de partage de la ressource en cas de sécheresse, notamment dans le cadre de la réforme en cours en France (création des Organismes Uniques). Le chapitre 5 étudie les gains de la mise en place de droits d’eau avec différents niveaux de sécurité, à l’aide d’une expérience de laboratoire capturant l’essence des marchés de l’eau australiens. Nous trouvons qu’un système avec deux niveaux de sécurité améliore le partage du risque de manque d’eau entre agriculteurs. En revanche, lorsque les coûts de transactions sont plus élevés sur le marché des droits que sur celui des allocations, la mise en place de droits différenciés peut conduire à une diminution de la coût-efficacité du mécanisme de marché. En effet, l’augmentation des échanges sur le marché des droits d’eau induit une augmentation des coûts de transaction payés par les agriculteurs.