Résumé de la thèse en français :
Un nombre croissant d’éléments empiriques souligne que la prise de décision est encastrée dans des contextes personnels, cognitifs et sociaux complexes. La prise en compte de ces facteurs permet une analyse plus fine du comportement que celle permise par la théorie économique traditionnelle néoclassique. Contrairement à l’hypothèse conventionnelle d’égoïsme avancée par la théorie standard, il est largement reconnu que les gens se comportent systématiquement de manière prosociale et, en outre, que la propension à le faire est sensible à à plusieurs éléments du contexte décisionnel, qui autrefois étaient systématiquement relégués au second plan. Notre thèse s’intéresse particulièrement au fait que les préférences sociales constituent des éléments contextuels décisifs et examine la mesure dans laquelle les normes sociales peuvent expliquer des déviations comportementales qui autrement pourraient sembler irrationnelles du point de vue standard.
Ce travail a une dimension appliquée. Dans un contexte où les budgets publics sont limités et ou les défis sociaux et environnementaux sont de plus en plus pressants, les interventions basées sur des approches comportementales peuvent constituer des instruments politiques attrayants, notamment du fait de leur moindre coût en comparaison des mesures basées sur des contraintes réglementaires et/ou sur des incitations économiques. En outre ces interventions sont susceptibles de générer des changements comportementaux pertinents et ce à relativement court-terme. Étant donné que les normes sociales peuvent être un déterminant important des performances globales d’une société dans des domaines très variés, nous étudions plusieurs aspects liés à la conception optimale de ces interventions comportementales qui exploitent les considérations normatives, ainsi que de la dynamique entre les normes sociales et les mesures institutionnelles formelles. Nous réalisons également une revue de la littérature relative à l’impact des interventions basées sur les normes sociales sur les comportements environnementaux ainsi qu’aux mécanismes théoriques sous-jacents permettant d’expliciter le le rôle de ces normes dans le processus décisionnel.
Grâce à l’utilisation d’expériences en laboratoire et en ligne (via Amazon Mechanical Turk et les quasi-expériences financées par la NSF pour les sciences sociales), les études expérimentales qui composent la thèse examinent l’impact de valence sur l’efficacité d’une intervention normative, la capacité d’une seule intervention normative à générer des impacts comportementaux hétérogènes et l’efficacité de certains mécanismes informels d’application de la norme et leur interaction avec des sanctions institutionnelles formelles. À partir de ces études, nous élaborons un certain nombre d’implications pertinentes pour les politiques et identifions la nécessité de travaux futurs sur des zones d’ombres et sur questions spécifiques permettant d’affiner et d’optimiser encore plus l’efficacité des interventions basées sur les normes sociales.
Résumé de la thèse en anglais:
A growing body of empirical evidence demonstrates that decision-making is embedded within complex personal, cognitive, and social contexts that call for a richer understanding of behavior than that described by traditional neoclassical economic theory. Contrary to the conventional selfishness assumption advanced by standard theory, it has now been established that people systematically behave in prosocial ways and furthermore, that the propensity to do so is sensitive to a variety of elements of decision context that have historically been considered irrelevant. We examine the assumptions that social preferences are outcome-regarding and consistent, and the extent to which social norms may be implicated in the divergences from these assumptions.
This work has a strong applied focus. In an environment of limited public budgets and increasingly pressing social and environmental challenges, interventions based on behavioral insights can be appealing policy instruments, as they are often more economical than traditional command-and-control or incentive-based tools, and have the potential to generate reliable and immediate behavior change. Given that social norms can be an important determinant of aggregate societal outcomes in a diverse range of contexts, we investigate several aspects of the optimal design of behavioral interventions that leverage normative considerations, as well as the dynamics between social norms and formal institutional measures. These works are complemented by a review of the literature regarding the impact of social norm interventions on proenvironmental behaviors and of several theoretical accounts of the role that social norms play in the decision-making process.
Through the use of both laboratory and online experiments (via Amazon Mechanical Turk and the NSF-funded Time-Sharing Experiments for the Social Sciences), the experimental studies that comprise the thesis examine the impact of valence framing on the effectiveness of a normative intervention, the capacity for a single normative intervention to generate heterogeneous behavioral impacts, and the effectiveness of certain informal norm-enforcement mechanisms and their interaction with formal institutional sanctions. From these studies, we draw a number of policy-relevant implications and identify the need for future work on a number of specific issues related to the role of social norms in behavior and accordingly, to the design of effective behavioral interventions that leverage social norms.